Maka Kotto déplore les sorties de Lisée sur l’identité
Philippe Teisceira-Lessard
La Presse
À quelques jours du scrutin, le ton monte entre les camps Cloutier et Lisée : ce dernier « agite des vecteurs qui chatouillent la part sombre de nos âmes » de façon « nécessairement problématique », a diagnostiqué hier Maka Kotto, allié du député de Lac-Saint-Jean, en entrevue avec .
Le seul député issu de l’immigration au sein du caucus péquiste reproche à Jean-François Lisée ses sorties des dernières semaines sur le thème de l’identité. « C’est comme des bombinettes [petites bombes] qu’on lance pour réveiller quoi ? Je me pose la question », a-t-il dit. Il cite notamment les controverses autour du burkini, à propos d’éventuelles mitraillettes cachées sous les burqas et sur les liens entre Alexandre Cloutier et l’imam Adil Charkaoui.
Le burkini, par exemple : « Pourquoi l’évoquer dans le cadre de cette course ? », s’est interrogé M. Kotto, qui affirme que ce débat n’a sa place que dans le cadre d’une réflexion sereine, « sans allumer les passions les plus intolérantes ».
« C’est une question de responsabilités, a-t-il ajouté.
« Beaucoup de gens auraient des choses à dire sur la place publique dans ce domaine. Mais ils se retiennent parce que le cadre ne correspond pas. »
— Maka Kotto, député du Parti québécois
Hier matin, Jean-François Lisée a affirmé que l’immigration n’avait qu’un effet marginal sur l’économie, en présentant ses propositions « de prospérité ».
« Les études disent que l’immigration a un impact très mineur sur la croissance économique », a avancé le candidat à la direction du Parti québécois (PQ), qui prône une diminution du nombre d’immigrants accueillis chaque année.
La « meilleure immigration possible », ce sont les travailleurs comme ceux que les employeurs de Québec recrutent à « Paris, Bruxelles et Barcelone », qui correspondent « exactement à la demande d’emploi », qui sont immédiatement embauchés et « immédiatement intégrés », a-t-il ajouté au cours d’une conférence de presse à Montréal. « Ça, c’est l’immigration parfaite. »
Par la suite, il a affirmé n’avoir évoqué ces villes que parce que des missions de recrutement s’y sont tenues.
L’ex-ministre des Relations internationales de Pauline Marois a aussi évoqué une seconde catégorie d’immigrants économiques, soit des élèves francophones du monde entier. Un gouvernement Lisée mettrait en place des mesures « pour les accueillir, les intégrer, les diplômer avec nos propres diplômes » et « en retenir la grande majorité ». Des « francophones sénégalais », mais aussi « les francophones qui viennent de Shanghai ou qui viennent de Santiago ».
Il trouve déplorable de « briser des vies d’immigrants » en obligeant des travailleurs diplômés à occuper des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. « Je ne veux plus jamais qu’on fasse ça », plaide-t-il.
M. Lisée propose aussi une batterie de mesures d’accompagnement pour favoriser l’exportation des produits québécois vers l’étranger. L’État québécois devrait se doter de bureaux à l’étranger pour accueillir temporairement les entreprises qui envisagent de conquérir de nouveaux marchés, a-t-il dit.
Il voudrait aussi « un droit de premier refus » pour les travailleurs et les cadres de chaque entreprise québécoise avant que celle-ci ne soit vendue à des acheteurs étrangers.
Pour sa part, Alexandre Cloutier a proposé l’instauration d’un « passeport culturel » sous la forme d’un chèque-cadeau de 50 $ remis à chaque nouvel arrivant et à chaque élève de 3, 4 et 5 secondaire. La somme pourrait servir à acheter des produits culturels, en français seulement.
« Je souhaite qu’il serve à la promotion de la culture francophone à travers les organismes accrédités pour que nos deux solitudes se côtoient », a dit le candidat. Il a affirmé ainsi prôner une vision « positive » de l’identité.
Alexandre Cloutier propose aussi une augmentation de 10 % du budget du ministère de la Culture et de faciliter la circulation des spectacles partout dans la province.